Yvonne Guin, née GELY le 10/07/1900 au hameau du Masmin et décédée le 11 septembre 1996 a marqué les mémoires.
« Paysanne, résistante communiste, Juste parmi les nations. »
Yvonne dont le père était communiste, un « Jaurès » comme elle le disait, a épousé à son tour un membre du parti communiste et conseiller municipal du hameau voisin, le Tronc (Saint-Maurice-de-Ventalon).
Le couple Guin était paysan, sans enfant. Léon, l’époux d’Yvonne exploitait les coupes de châtaigniers pour l’extraction du tanin.
Aujourd’hui, plus d’un siècle plus tard, dans le hameau du Tronc se trouve toujours une magnifique châtaigneraie, dont cet arbre incroyable qui a permis de cacher ponctuellement des enfants pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Léon et Yvonne « incarnaient le communisme rural cévenol, de frappe huguenote*, à côté de voisins qui incarnaient avec autant de naturel et de passion le socialisme rural. » (1)
La Seconde Guerre Mondiale, sur fond de régime de Vichy et de l’Occupation ont marqué à jamais la vie du couple Guin.
Selon diverses enquêtes orales anciennes, les Guin ont accueilli plusieurs figures du communisme français dont Mathilde Taurinya, la veuve du militant Gabriel Péri, sortie du camp de femmes de Rieucros où elle avait été internée, près de Mende, en 1940.
Le couple a également accueilli des juifs, dont certains venus de Bruxelles, d’autres de Paris.
« Alors que les exigences allemandes ne cessent de s’accentuer, le gouvernement de Vichy adopte un nouveau dispositif de réquisitions avec la loi du 16 février 1943 qui institue le « service du travail obligatoire » (STO). Tous les jeunes français nés en 1920, 1921 et 1922 déclarés aptes après une visite médicale doivent partir travailler en Allemagne pour deux ans. D’importantes mises en garde sont immédiatement adressées à ceux qui n’obéiraient pas. Les sanctions auxquelles ils s’exposent sont des amendes allant de 200 à 100 000 francs et des peines d’emprisonnement allant de 3 mois à 5 ans, susceptibles, en cas de récidive, d’être portées au double (2).
(2) Source : Le Petit Dauphinois, 17 février 1943, « Les lois nouvelles : le service obligatoire du travail »
La ferme des Guin a alors été un «important lieu de ravitaillement, de repos et d’information» (1) pour les réfractaires au STO et les maquis Francs-tireurs et partisans français (FTPF).
« A la fin de l’été 1943, le commandant Marcel (Roger Torreilles) et le capitaine Jean (René Bibault) s’installent avec leurs hommes au Tronc, avant de gagner le hameau voisin du Crespin. » (1)
Léon Guin est décédé en décembre 1974.
Guin, ce nom ne vous est peut-être pas inconnu… Émile Jourdan, militant communiste et Maire de Nîmes de 1965 à 1983 a donné à une rue du chef-lieu du Gard, le nom de Léon Guin en guise d’hommage.
« Veuve, Yvonne a été un temps la dernière habitante du Hameau » (1).
« Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier. »
En 1987, les Guin, Léon et Yvonne (3) , ont été déclaré Justes parmi les nations (4). C’est la plus haute distinction de l’État d’Israël décernée à des civils. Signe de reconnaissance et d’hommage, cette distinction salue le courage extraordinaire (du peu) d’hommes et de femmes qui pendant la Seconde Guerre Mondiale ont mis en danger leur propre vie pour sauver des juifs en proie aux persécutions des nazis, quand d’autres étaient indifférents ou hostiles.
* huguenot : Nom donné aux protestants français pendant les guerres de Religion. (source Larousse)
(1) : Source : https://oratoiredulouvre.fr/uploads/conférences/documents/Guin-Yvonne.pdf
(2) : Source : Le Petit Dauphinois, 17 février 1943, « Les lois nouvelles : le service obligatoire du travail »
(3) : Source : https://www.yadvashem.org/fr/justes/statistiques.html
(4) : Source :https://www.universalis.fr/encyclopedie/justes-parmi-les-nations/